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Appel: Philosophie en terre d’islam et l’Afrique : crises d’un enseignement et nouvelles perspectives
Argumentaire
La question de la philosophie en Afrique, depuis les indépendances, s’est construite autour de deux thématiques fondamentales : d’un coté, celle de la critique de ce qui était appelée l’ethnophilosophie, conduite principalement sous la plume des philosophes tels que Eboussi ( 1970), Towa (1971) ou Hountondji (1972) ; de l’autre, celle soutenant l’intérêt d’un nouveau regard quant aux questions et préoccupations quotidiennes des Africains (Arkoun, 1988, 1990; Diagne, 2008; Bourahima, 2001 ; Bidima, 2016 ; Mbembe, 2016). Les animateurs de cette tendance suggéraient, à ce sujet, que les réflexions des intellectuels africains doivent être celles qui pensent la quotidienneté africaine dans toute sa complexité et sa diversité. L’une et l’autre ont permis de disposer dans les universités de valeureux enseignants et de chercheurs respectés, chacun dans son domaine, à l’intérieur comme à l’extérieur du continent.
Toutefois, dans le domaine de l’enseignement de cette discipline proprement dit, exception faite de manuels (Azombo Menda et Enobo Kosso, 1978 ; Ramatoulaye, 2009 ; Ngoa Mebada, 2008) proposés pour les programmes du secondaire, des renvois à des références ou des simples évocations aux philosophes arabes dans l’enseignement de l’histoire de la philosophie au niveau universitaire - sans grande importance ou sans incidence productive d’ailleurs - , la philosophie en terre d’islam est restée invisible. Si des spécialisations dans différents domaines se rapportant à la philosophie « dite » occidentale ont fait école et suscité des adeptes auprès des intelligences africaines, celles-ci restent pratiquement muettes quand il faut tenir un discours sur l’héritage considérable construit autour ou à cause de l’islam. Seuls quelques intellectuels de l’Afrique de l’Ouest et principalement du Sénégal (Souleymane Bachir Diagne,Ramatoulaye Diagne-Mbengue) et du Moyen-Orient (Arkoun) y ont accorde de profondes réflexions.
Cette situation amène à observer qu’il y a un déficit et/ou crise de l’enseignement de la philosophie « en terre d’islam » sur le continent dans son ensemble : un déficit parce que l’enseignement, tel qu’il est effectué, est suffisamment parcellaire et partisan, parce qu’il n’est qu’un compte-rendu d’une partie du savoir construit par le monde occidental, arabo-musulman et oriental ; une crise parce qu’il obstrue l’horizon de réflexion intellectuelle, 2empêchant derechef l’éclosion et la valorisation de la multiplicité de points de vue. Dans l’un comme dans l’autre des cas, la pratique philosophique est rendue, par ce fait même, incomplète. De telle sorte que son dessein fondamental, qui devait permettre le partage de connaissances et l’émergence de la pensée productive et constructive dans tous les domaines, contribue au contraire à handicaper la réflexion qui est son pendant.
Cet appel à contribution se donne donc l’ambition de faire un état de la question de l’enseignement de la philosophie et de l’usage de la production philosophique en terre d’islam sur le continent africain. Le but recherché est d’intéresser la communauté scientifique et universitaire en Afrique dans son ensemble et, en particulier, dans sa partie au sud du Sahara à ce vaste et riche héritage et susciter ainsi d’autres regards et d’autres analyses sur l’islam, ses pratiques et les milieux musulmans.
Nous invitons les chercheurs (philosophes, historiens de religions, sociologues et anthropologues etc...) à soumettre des propositions qui examinent la question de l’enseignement de la philosophie en terre d’islam et son déficit sur le continent africain. Les axes suivants, sans pour autant être considérés comme les seuls, peuvent servir de pistes de réflexion :
- Héritages philosophiques islamiques et l’Afrique
- Systèmes éducatifs africains et didactique de la philosophie en terre d’islam
- Intellectuels africains et question de la philosophie en terre d’islam
- Toumbouctou et philosophie en terre d’islam
- Philosophie en terre d’islam et savoirs endogènes
Calendrier du projet
Avril 2019 : Mise en ligne de l’appel
30 Juin 2019 : date limite pour la réception des propositions de contribution (autour de 500 mots) à envoyer, en français, en anglais ou en arabe aux deux adresses suivantes : m.abani2303@cluttergmail.com; ngnepiguillaumehenri@clutteryahoo.fr
30 juillet 2019 : retour et commande d’articles
24 Septembre 2019 : date limite pour la remise des articles
Janvier 2020 : retour de l’évaluation des contributions soumise par les experts
Mars 2020 : soumission des contributions définitives
Juin 2020 : soumission de l’ouvrage à la maison d’édition